Les Provençales, ces petits nuages blancs et roses, donnent à ceux qui les observent de précieuses indications
Quand elles s'en vont momentanément au sud-est pour disparaître, gare au mistral, quand elles
plongent à l'ouest, gare à la pluie.
Voici une amusante anecdote :
« Il y avait à Grasse un curé dont les prières pour obtenir la pluie sont restées célèbres. Lorsque les champs étaient dévastés par la sècheresse, que les moissons et les oliviers dépérissaient à vue d'oeil faute d'eau, la population venait demander au curé d'organiser un pèlerinage à une petite chapelle qui se trouve sur l'une des hautes collines qui dominent le Golfe Juan. Pendant quelques jours, le curé, se faisait tirer les oreilles sous plusieurs prétextes, alléguant qu'il fallait avant tout faire des prières préalables pour se rendre le bon Dieu favorable. Puis, un matin, tout à coup, la cloche sonnait à toute volée annonçant le départ. En foule, les ouailles se rendaient sur la place de l'Eglise, tous porteurs de parapluies. Au moment du départ, les parapluies étaient placés dans les bats de deux superbes mulets qui accompagnaient le pèlerinage, et le curé prenait la tête de la procession. Et l'on montait, l'on montait et la procession, flanquée des deux mulets dépositaires de parapluies, vestiaires ambulants, se déroulait dans les sentiers pierreux, taillés en plein roc, ou sous les draïoous (petit chemin) sur lesquels les pins avaient secoué le moelleux et glissant tapis de leurs aiguilles rousses.
À l'ermitage : il pleuvait et chacun s'empare alors d'un des parapluies portés par les mulets. Ils sont contents de voir la nappe grise des nuages se fondre en gouttelettes sur les plaines et les coteaux, y verser la vie et la fécondité.
Dix fois, vingt fois, dans son long apostolat, l'excellent curé de Grasse a organisé le fameux pèlerinage des parapluies et jamais la sècheresse n'a persisté.
Quelques-uns ont cru au miracle, mais les autres ont raconté tout bas que le curé, très au courant des mœurs des Provençales, se levait de bon matin et n'organisait son pèlerinage que le jour où les petits nuages blancs avaient disparu à l'ouest et que des signes non équivoques à l'est annonçaient une pluie prochaine. »
(auteur inconnu)